Transformations et futurs urbains

Transformations et futurs urbains

Présentation

Historiquement, les espaces urbains, qui concentrent aujourd’hui la majorité de la population mondiale, ont souvent vu naître et se développer une part importante des innovations, qu’elles soient technologiques ou sociétales. Ils sont donc au premier rang des territoires concernés par les changements socio-environnementaux contemporains qui commandent l’innovation, qu’il s’agisse du changement climatique, de la raréfaction et du coût croissant de certaines matières premières, du développement du numérique, des changements liés au travail (diminution de la place du travail salarié, tiers- lieux, télétravail) ou encore du vieillissement de la population.

Les impacts avérés ou potentiels de ces changements socio-environnementaux concernent aussi bien la morphogénèse urbaine, les modalités de fabrique de l’urbain par différents acteurs, les comportements et pratiques (de mobilité, de consommation), mais aussi les valeurs et représentations des citoyens. Les impacts peuvent différer selon la spatialité et les modalités de fonctionnement actuelles des territoires qui conditionnent potentiellement leur possible devenir. Ces transformations urbaines, en cours et en devenir, appellent à une anticipation pour proposer des trajectoires souhaitables d’évolution, notamment du point de vue de la durabilité.

Dans ce contexte général, l’ambition de l’axe « transformations et futurs urbains » est de produire une recherche originale sur la caractérisation, l’explication et les devenirs des espaces urbains, qui soit ancrée dans la compréhension de la ville en tant que système complexe ayant une spatialité propre (configuration des réseaux urbains matériels et numériques, forme des tissus, interfaces urbaines, etc.) et en couplant le temps accéléré des transformations récentes avec le temps long de l’histoire urbaine (morphogénèse et division sociale de l’espace urbain). L’enjeu est à la fois scientifique : compréhension de l’urbain et de ses transformations, et sociétal, en liant explicitement ce type de démarches aux enjeux de planification et d’adaptation des territoires.

Les entrées suivantes sont notamment identifiées comme étant prioritaires, en lien avec des objectifs de connaissance originaux ou de transfert de connaissance aux acteurs du territoire.

  • La transformation actuelle et future des formes et des fonctionnements urbains, à l’échelle des villes ou des systèmes de villes, sous l’effet des moteurs contemporains du changement. Il s’agira en particulier d’étudier les transformations effectives des villes en termes d’usage du sol, de mobilité, de fonctions économiques, de pratiques de consommation, etc., et leurs résultats notamment en termes d’inégalités socio-spatiales. Au-delà de la description des transformations effectives, il s’agira de les comprendre pour mieux en cerner les freins et accélérateurs et ainsi mieux identifier les évolutions potentielles, latentes, qu’elles soient souhaitables ou pas.
  • La dialectique entre auto-organisation et contrôle externe (politiques publiques) dans les dynamiques et transformations des systèmes urbains aux différentes échelles (quartier, agglomération, région métropolitaine, système de villes). Comprendre les rôles respectifs des processus d’auto-organisation et de planification est en effet un préalable à la définition et à la mise en place de politiques opérantes d’aménagement et d’urbanisme. Il s’agira ici de mieux comprendre la morphogénèse des formes urbaines et ses résultats, en intégrant à la fois le temps long de l’histoire urbaine et le temps des dynamiques plus courtes et récentes. L’objectif est de développer des approches d’intervention sur l’organisation spatiale de la ville intégrant ses logiques d’auto-organisation. Des rapprochements avec la complexité du vivant seront faits (biomimétisme).
  • L’évolution des futurs urbains induits par les changements socio-techniques, environnementaux et géopolitiques. L’objectif est ici de réfléchir au devenir des espaces urbains, à leur adaptation aux changements, à leur capacité de résilience face à l’incertitude. Nous prendrons en compte la pluralité des échelles et des rapports interscalaires et le temps long dans l’analyse de la résilience et des futurs urbains pour passer de la théorie de la résilience aux diagnostics géoprospectifs pour les villes contemporaines.
    Dans l’étude des futurs urbains, la proximité fera l’objet de travaux spécifiques pour voir si des territoires urbains construits et fonctionnant sur une logique de courtes distances pour l’accessibilité aux aménités urbaines, à la nature, aux ressources alimentaires, etc. (cf. le concept de ville du quart d’heure) seraient plus efficaces dans le rapport entre les productions et les consommations (quelles qu’en soient les natures), moins générateurs de déchets, et dans quelle mesure ils constitueraient une alternative effectivement réalisable. La question des relations entre développement du numérique et proximité (pour les interactions sociales, les pratiques culturelles, touristiques ou commerciales, etc.) fera ici l’objet d’un focus spécifique.
    Plus globalement, ces travaux sur les espaces urbains doivent permettre de contribuer au développement d’une théorie des caractéristiques spatiales et organisationnelles d’une urbanisation qui échapperait à l’obsolescence face au changement. Pour ces questionnements, la spatialité est envisagée à la fois comme acteur et résultat des transformations.
  • Une réflexion sur les valeurs liées à la transition socio-environnementale sera conduite. Elles peuvent en effet différer selon les acteurs (les aménageurs vs les citoyens, les communautés locales vs les organisations internationales, etc.) et doivent faire l’objet d’une convergence pour une transition socio-environnementale effective et partagée.

Des méthodologies quantitatives d’analyse spatiale (morphométrie urbaine, IA, géosimulation, etc.) et qualitatives seront couplées pour la production d’une connaissance pertinente sur les transformations urbaines intégrant l’homme dans ses perceptions, connaissances et représentations.

Les terrains d’étude seront ceux déjà investigués par le laboratoire (Méditerranée, Europe, Arctique, Asie), auxquels pourront s’en ajouter d’autres au gré des collaborations nouées. La diversité des terrains se justifie par le fait qu’ils proposent des cadres normatifs ou des niveaux de contraintes environnementales variés, ce qui concourra à la généralisation des résultats des travaux.

Coordinateurs

Giovanni FUSCO, Guilhem BOULAY, Sébastien GADAL