Espaces et Santé
Présentation
Depuis 2005, des recherches sont menées en santé à l’UMR ESPACE, plus précisément sur les liens environnement et santé, plus que jamais d’actualité. Nous souhaitons capitaliser les connaissances acquises dans un contexte de slow science, la maturité du groupe le conduisant à présent à cheminer vers une proposition de théorisation en géographie de la santé (courant de la géographie théorique et quantitative).
Après deux années de pandémie, nul besoin de rappeler l’importance de la santé individuelle et collective, des interactions entre ces éléments et avec notre environnement, dans une perspective de santé environnementale versus One Health. Sur les 102 principales maladies couvertes par un rapport de l’OMS sur la santé mondiale, les facteurs de risque environnementaux intervenaient dans plus de 85 d’entre elles. La part des maladies imputables à l’environnement varie bien entendu entre les pathologies, mais aussi entre les pays en développement (25%), et les pays développés (17%). La pollution serait, au sens large, responsable chaque année dans le monde de 9 millions de morts prématurées, et la pollution de l’air, d’1 décès sur 6. Il s’agit là d’une estimation prudente, car dans de nombreux cas, la causalité entre l’environnement et la maladie est complexe à détecter. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces chiffres ne cessent de croître, et les tensions énergétiques, économiques, ou bien encore climatiques (émissions de poussières) ne rendent pas optimistes.
Dans ce contexte, l’axe Espaces & Santé souhaite travailler finement sur les éléments de l’espace qui contribuent à produire des espaces pathogènes. Le concept opérationnel d’eXpace (contraction d’exposome et d’espace) permettra ainsi de mesurer les caractéristiques de divers espaces géographiques aptes à influer sur l’état de santé des populations. L’ensemble de ces caractéristiques conférant un géopotentiel pathogène quantifiable via de la métrologie, de la géomatique, de l’IA (réseaux bayésiens), voire de la métabolomique (collaboration avec le laboratoire Tiro-Matos d’UCA).
À l’heure actuelle, nous ne sommes pas en capacité de caractériser rapidement les espaces du point de vue santé. Demain, nous pourrons raisonner en termes de potentiel d’un espace à impacter la santé. En effet, généralement, nous mesurons le niveau de pollution d’un espace donné et nous le mettons en relation avec la santé, par exemple respiratoire, des individus qui y habitent. Avec cette notion de potentiel, nous partirons cette fois de l’espace d’étude, et nous en déduirons rapidement un certain potentiel pathogène, selon une méthodologie qui est en cours de développement par les membres du groupe.
La connaissance obtenue sur les eXpaces devrait aider à conduire des études omiques (qui associent des technologies de chimie analytique, de biochimie et de biologie moléculaire aux sciences des données afin de mieux comprendre le fonctionnement des systèmes biologiques) plus ciblées qui permettront de valider en même temps les eXpaces d’intérêt. Ce faisant, cela fera sauter le verrou scientifique qui existe dans les études écologiques (ecological fallacy), à savoir que nous aurons à la fois des éléments provenant de l’espace de vie (écologie), mais également des mesures au niveau des individus vivant dans cet espace. Cela fera ressortir le poids des déterminants de santé individuels qui peuvent apparaître comme des facteurs de confusion.
Les travaux menés au sein de cet axe Espaces & Santé contribueront au cheminement vers une théorie géographique sur le sujet, transposable par d’autres chercheurs pour définir d’autres eXpaces (espaces exposés), qui seront par exemple fortement impactés par le changement climatique ou encore soumis à des catastrophes naturelles. Il serait d’ailleurs intéressant de combiner ces différents aspects entre eux afin, là encore, de cibler les espaces sur lesquels l’attention, la prévention, les moyens doivent être mis en priorité, dans un contexte d’optimisation et d’efficacité.
Coordinateurs
Sandra PEREZ, Régis DARQUES