Changement climatique, eau, végétation, risque

Changement climatique, eau, végétation, risque

Présentation

Le changement climatique (CC) en cours est à l’origine d’une modification de la localisation des zones climatiques. Les types de climats soumis aux sécheresses, dont ceux de l’arc méditerranéen français, sont particulièrement concernés dans la mesure où ils sont déjà en évolution depuis plusieurs décennies. L’augmentation des températures et l’évolution des régimes thermiques et pluviométriques modifient déjà la disponibilité de la ressource en eau sur ces territoires au moins ponctuellement. Ces territoires connaissent régulièrement deux situations extrêmes : l’excès ou le manque de précipitations. Dans chaque cas, les échelles temporelles et spatiales ne sont pas les mêmes. Si les périodes de sécheresse touchent généralement de grands espaces et s’étalent sur plusieurs mois, les épisodes méditerranéens sont bien plus localisés et brefs dans le temps.

Le CC, et ses impacts sur la ressource en eau, ont de multiples impacts directs et indirects, temporaires ou permanents, sur les milieux semi-naturels : disponibilité en eau, enneigement hivernal, modifications de la répartition des espèces, de la structure de la biodiversité végétale, etc. Ils génèrent aussi un ensemble de risques : feux de forêt, mouvements sédimentaires, inondations, endommagements d’infrastructures potentiellement dangereuses (barrages, usines, etc.). Or, les acteurs territoriaux sont démunis face à la complexité de la question de l’impact du changement climatique sur la ressource en eau et ses conséquences, en raison des incertitudes concernant les scénarios climatiques et leurs impacts potentiels. Il leur est donc difficile d’anticiper et de proposer des politiques pertinentes de réduction ou d’adaptation aux risques.

Dans ce contexte, cet axe a pour objectif :

  • De mesurer les changements climatiques via la mise en œuvre d’observations interdisciplinaires et spatialement distribuées
  • De caractériser aux échelles spatiales et temporelles les effets du CC sur la ressource en eau et incidemment sur d’autres aspects (températures et confort thermique)
  • De mesurer les impacts de cette ressource en évolution sur les milieux semi-naturels et sur la survenue de risques de différentes natures
  • De déterminer, eu égard à leur forme et leur fonctionnement, la capacité d’adaptation et le potentiel de résilience des espaces à enjeux face au CC
  • D’étudier la perception des risques d’une grande diversité d’acteurs face au CC
  • De contribuer à l’adaptation des territoires en évaluant les politiques actuelles de gestion des risques et des crises, aussi bien en termes d’appropriation (qui fait quoi et pour quels objectifs) que d’efficacité (à partir de quel moment les objectifs fixés sont-ils atteints ?)

Dans cet axe, les défis sont multiples :

  • Un premier défi concerne l’observation et la mesure du CC et de ses impacts. En effet, l’observation in situ est généralement partielle, disciplinaire et bien souvent peu spatialisée, quand elle devrait être interdisciplinaire et spatialement distribuée pour tendre vers une compréhension intégrée. En outre, l’absence de données et la difficulté d’accès à certaines zones d’études nécessitent le développement de méthodes associant télédétection et campagne de terrain afin de produire des modèles de connaissance qui contribuent à la compréhension des processus en cours.
  • Un second défi, d’ordre méthodologique, porte sur le développement de méthodes d’agrégation et de désagrégation de données spatiales, car l’étude du CC et de ses impacts doit être réalisée à une échelle fine pour comprendre leurs implications territoriales. Or, si la désagrégation statistique des sorties de modèles climatiques globaux ou régionaux pour spatialiser localement les températures est relativement bien maîtrisée, il n’en va pas de même pour les précipitations, en particulier leurs extrêmes. Ces développements méthodologiques permettront d’anticiper la répartition spatiale future des climats et de répondre à la question de l’aridification de la Méditerranée occidentale.
  • Un troisième défi concerne le développement de méthodes permettant de caractériser et de modéliser la répartition des espèces végétales. En effet, si des méthodes robustes existent pour caractériser la végétation à l’échelle paysagère (types de végétation, espèces dominantes), il n’en est pas de même pour l’ensemble des espèces végétales (arbres, arbustes, herbacées). Ces développements méthodologiques (analyse statistique et spatiale, simulation spatiale) permettront d’étudier les impacts du CC liés à la disponibilité en eau sur la répartition des espèces végétales et sur la structure spatiale de la végétation.
  • Un quatrième défi concerne l’analyse temporelle des impacts des excès ou du manque de précipitations. Inertie, délais de réponse, changements brusques ou graduels, rétroactions sont ainsi des mots clés qui seront au cœur des travaux. Cette analyse temporelle des impacts concernera aussi bien les impacts sur les milieux semi-naturels que sur les risques. Pour ces derniers, il s’agira d’étudier la genèse des aléas et les vulnérabilités liées.
  • Un cinquième défi concerne l’adaptation, la résilience et la prospective des systèmes territoriaux en lien avec les problématiques liées à l’eau et à la végétation. Il s’agira notamment, grâce à la modélisation prospective des impacts de la ressource en eau sur les systèmes territoriaux, d’anticiper pour proposer des trajectoires souhaitables et les politiques d’aménagement conséquentes pour les espaces à enjeux.
  • Enfin, un sixième défi concerne l’évaluation et l’appropriation des politiques actuelles de prévention et réduction des risques, qui sont déjà une réalité vécue. Aussi, pour accompagner la mise en œuvre des politiques de gestion et de prévention « de demain », une première étape doit consister à évaluer les impacts des politiques actuelles (en termes d’information, de prévention ou de gestion), puis une seconde, à imaginer différents scénarios d’évolution. Les questions qui se posent sont multiples, notamment :
      • Comment faire percoler les savoirs sur les risques et le changement climatique auprès de la société civile, et impliquer les citoyens dans une démarche proactive ?
      • Comment calibrer les outils d’analyse, non pas sur des comportements supposés mais sur des comportements effectifs et, incidemment, comment évoluer vers plus d’opérationnalité et d’efficacité, avec une recherche de plus en plus orientée vers la société civile ?

Concernant la gestion des risques, parallèlement à des réflexions théoriques, des expérimentations seront conduites sur divers sites pilotes exposés à des risques différents. Du point de vue méthodologique, les questions liées à ces expérimentations concernent la mesure de leur réussite, l’estimation de la représentativité des données collectées (qu’elles soient faites par observation directe, enquêtes ou monitoring sur de plus longues durées), des retours d’expériences et in fine la possibilité de généraliser les résultats des expérimentations pour tendre vers des recommandations normatives.

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Coordinateurs

Nicolas VIAUX, Matthieu VIGNAL, Pierre-Alain AYRAL